Escapade néo-calédonienne : bilan & retour en Nouvelle-Zélande

En guise de bilan

La Nouvelle-Calédonie, qu’en penser ?

 

Un pays, 3 provinces, 2 peuples ?

D’abord, une différence tranchante, marquée, en Nouméa et la brousse. Une différence aussi entre la Province Sud et la Province Nord (et que penser de la Province des Îles Loyauté, terres coutumières et de ce fait entièrement régie par La Coutume Kanak, qui resteront malheureusement les grandes absentes de notre voyage). Si nous écoutons l’émission de « libre antenne » de la radio NC 1ère tous les matins de 9h à 10h, on perçoit immédiatement une autre façon de penser et de vivre au quotidien entre les Kanak et les occidentaux. Et pour cause, dans les faits : différence dans la la notion de propriété, différence dans la notion de temps, différences entre la loi et la coutume, ou encore différence dans les commerces (les mêmes qu’en métropole en Province Sud, des petites supérettes dans les grands villages de Province Nord), le principe même de supermarché étant incompréhensible pour les Kanak qui vivent en tribu. Il sera très intéressant de suivre les résultats du référendum sur l’indépendance fin 2018, tant on semble avoir deux populations distinctes -chose qui est bien moins marquée en Nouvelle-Zélande, mais l’Histoire n’est pas non plus la même.

drapeaux français et Kanak
Drapeaux français et Kanak flottant sur la mairie de Farino

 

Tourisme

Coté tourisme, on prétend qu’ici c’est très cher : nous aurons démontré le contraire. Certes, la nourriture est un peu plus chère qu’en métropole -la quasi-totalité des produits en provenant, comment s’en étonner?- mais reste globalement raisonnable. Mais si l’on opte pour le camping, on s’en sort très bien financièrement (14 jours en camping = 2 à 3 nuits d’hôtel). Forcément, on se contentera de douches froides la plupart du temps (mais avec 28°C en moyenne ça passe souvent bien) et de nourriture en boites ou assimilé (à défaut d’avoir adopté le mode de vie en tribu) accompagnée de quelques fruits ou carottes. Coté météo, une chaleur si humide que les pages des livres elles-même étaient moites. Une saison intermédiaire entre la saison chaude et la saison fraîche (dont les écarts de température dépassent rarement 7°C en un même lieu à une heure dite), avec la fin des cyclones : un climat clairement de type tropical océanique. Nous aurons donc parcouru 1 700 km sur le Caillou, d’abord en brousse puis à Nouméa. Nouméa, où la notion de temps reprend son sens occidental. Plus grande ville francophone du Pacifique, elle rappelle d’abord le sud de la France (jumelée à Nice, hasard ?) Puis, en seconde lecture, elle nous offre quand même son coté calédonien spécifique.

voiture route sud
Sur la route, toujours ! (ici vers Prony)

 

Nouvelle-Calédonie vs Nouvelle-Zélande : tentative de comparaison

Osons le parallèle avec la Nouvelle-Zélande (Nouméa étant également jumelée à Taupo!).

  • Si le britannique James Cook a été le premier européen à découvrir la Nouvelle-Calédonie pour que les anglais laissent la France en prendre possession, c’est bien le hollandais Abel Tasman qui fut de son coté le premier européen à apercevoir la Nouvelle-Zélande, pour laisser James Cook en faire le tour et se l’approprier !
  • Coté humain, les Maoris semblent bien plus occidentalisés que la majorité des Kanak, la langue Maorie a été unifiée quand les 28 langues Kanak se côtoient sans avoir de dénominateurs communs. Le mot même de Maori a des racines polynésiennes, alors que les Kanak ne se désignaient pas comme un peuple : le mot a été utilisé par les revendications indépendantistes comme déformation du mot péjoratif canaques, et est devenu un nom propre invariable. Ne nous leurrons pas, les Maoris comme les Kanak ont été décimés par l’arrivée des européens avant d’être reconnus comme légitimes…
  • Coté terre, si certains portions ont été restituées aux Maoris en Nouvelle-Zélande, les Kanak ont eu droit à une transformation des réserves en aires coutumières, régies désormais pas un Sénat Coutumier dont l’avis est consultatif.
  • Coté monnaie, la livre néo-zélandaise (taux de change fixe par rapport à la livre sterling) a été remplacée en 1967 par le dollar néo-zélandais, quant le Franc Pacifique est assuré par la Banque de France selon un taux fixe vis-à-vis de l’euro.Ceci étant, la tête de la reine Elisabeth II est toujours sur les billets de NZ…
  • Coté faune et flore, le cagou et le kiwi sont tous deux des oiseaux emblématiques incapables de voler et menacés de disparition, et les fougères sont légion. Les arbres endémiques ont été exploités dans les deux cas pour la construction et sont proches de la disparition. Enfin, les forêts humides de la West Coast peuvent présenter quelques similitudes avec celles de Nouvelle-Calédonie. Les poissons tropicaux du lagon n’ont par contre pas grand chose à voir avec ceux de la Mer de Tasman, 2000 km plus au sud.
  • Coté écologie, il semble que la Nouvelle-Zélande ait quelques longueurs d’avance avec de nombreux parc nationaux protégés (sa chance étant que les filons d’or ont été épuisés avant la mécanisation), quand la Nouvelle-Calédonie exploite de nombreuses mines de nickel à ciel ouvert et ne se soucie de leur devenir que plus tard. Mais cela tend à changer, et le lagon est quand même inscrit à l’UNESCO depuis 2008 ! Pour le recyclage, on repassera dans les deux pays (à l’exception des grandes villes) : les cadavres de voiture jonchent le bord des routes en Province Nord, quand la Nouvelle-Zélande ne comprend pas le problème de jeter des piles dans la poubelle classique !
  • Coté priorités de développement : la Nouvelle-Calédonie est équipé en Mobilis (réseau public de téléphonie mobile) avec un signal sur quasiment tout le territoire. En Nouvelle-Zélande, les opérateurs privés n’en ont que faire de permettre aux coins les plus reculés d’accéder au téléphone. Mais est-ce vraiment un mal ?… De même, l’eau courante est apportée en de nombreux endroits par le réseau public en Nouvelle-Calédonie, quant c’est aux villages ou aux habitants de procéder à leur récupération d’eau de pluie, traitée ou non en Nouvelle-Zélande : jamais nous n’avons vu de demande express de faire bouillir l’eau avant de la boire en Nouvelle-Calédonie : elle est soit potable, soit non-potable. Enfin, coté prix de l’essence, il est fixé par délibérations en Nouvelle-Calédonie et chaque station applique donc le même (en Nouvelle-Zélande, les différences entre Île du Nord et Île du Sud peuvent aller jusqu’à NZ$ 0,60 cents le litre).
  • Enfin, coté nom : s’il est désormais admis et officiel de dire Aotearoa New Zealand, l’appellation Kanaky Nouvelle-Calédonie reste une revendication des indépendantistes ! Mais, historiquement, la Nouvelle-Zélande est devenu dominion indépendant en 1907 et pays souverain en 1947, et le tribunal de Waitangi reconnaissant les abus du traité de Waitangi de 1840 a été monté en 1975… quand la Nouvelle-Calédonie n’est devenu Pays d’Outre-Mer qu’avec la situation transitoire régie par l’accord de Nouméa de 1998, suivant l’accord de Matignon de 1988 après que le pays ait été placé sur la liste des pays à décoloniser par l’ONU !

Quand à s’y installer, en tant que français, et même avec la barrière de la langue en Nouvelle-Zélande, il nous semblerait plus simple et surtout mieux accepté d’immigrer en Nouvelle-Zélande, terre de mixité culturelle par excellence, qu’en Nouvelle-Calédonie. Mais cette impression n’engage que nous !

billet 1000CFP
Billet de 1000 Francs (Pacifique) (8,40€)

 

Qu’en pensez-vous ?

En guise de conclusion, nous ne pouvons que vous inviter à lire le début de l’Accord de Nouméa (1998), et à suivre les débats qui vont se tenir l’année prochaine lors du référendum sur l’indépendance totale !

Le passé a été le temps de la colonisation, le présent est celui du partage et du rééquilibrage, le futur sera le temps du destin commun. (Accord de Nouméa, 1998)

 

carte Nouvelle calédonie baleine
Peinture sur fond de carte, Centre Culturel Tjibaou

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